Bretagne et Normandie voguent en choeur
Samedi dernier, comme le temps était sympathique et que nous recevions des amis, l'idée de pousser jusqu'à Granville s'est imposée. Quand il fait beau, quoi de mieux que le bord de mer pour une promenade ?
Plantée sur un piton rocheux, Granville est une ville ancienne pour partie, protégée des assauts marins par de hauts murs de pierre. Déambuler dans la vieille ville est un vrai bonheur, on y fait mille rencontres. Ce week end, les écrivains de la mer échangeaient avec leurs lecteurs et dédicacaient leurs ouvrages.
Les ruelles étroites, glaciales l'hiver, si raffraîchissantes en été, sont restées comme autrefois : pavées en V pour l'écoulement des eaux. Avec un peu de chance, certaines laissent entrevoir la mer tout au fond.
Les voitures ne sont pas très nombreuses à circuler. Seuls les habitants des ruelles cherchent à s'y garer et le quartier est donc plutôt tranquille pour la gent féline en quête de territoires calmes.
Autre pan de vie, autre paysage : Granville est aussi une ville balnéaire. Un grand centre de rééducation fonctionnelle, depuis quelques années également converti aux soins de détente et thalassothérapie, génère une fréquentation importante des lieux. Outre les Granvillais, on compte également les patients en rééducation, leurs familles et tous ceux en quête de mieux-être et de beauté. Comme jadis, au début du siècle dernier, le Casino a donc toute sa place en bordure de plage.
Et pour ceux qui ne nourrissent aucune rancune envers les sports de glisse (très fournisseurs de patients au Normandy), les falaises permettent des envols tout en douceur et en silence. Ce samedi là, sept voiles parsemaient le ciel de tâches colorées.
Nous étions du côté du port de plaisance quand une animation inhabituelle nous a interpelés : La Cancalaise était en approche !
Nous n'étions pas au courant de cette petite fête marine et, très vite, avons appris que le vieux gréement de Granville, La Granvillaise, était remise à l'eau ce jour-là après quelques temps de cale sèche pour réparations et restauration. Petit coup au coeur, ce joli petit bâteau vert à toiles bises est le vieux gréement qui représente Saint-Brieuc, mon fief. Il s'agit du Grand Lejon et je reconnais avoir été fébrile de plaisir de le retrouver là. Un instant j'ai cru qu'il s'agissait de la Sainte-Jeanne, le côtre d'Erquy, mais elle est sans doute trop grosse pour venir faire des ronds dans l'eau à l'intérieur des bassins du port de Granville. La manoeuvre serait peut-être un peu plus compliquée qu'avec le Grand Lejon. Enfin, je suppose !
Petit à petit, La Granvillaise a été descendue par son portique jusqu'à toucher l'eau sous les sonneries de trompes de tous les bâteaux venus l'honorer.
Un moment plutôt émouvant avec l'intervention d'un sonneur de cornemuse juste à nos côtés.
C'était un bien joli moment particulièrement intéressant pour nos amis du centre France, peu habitués aux manifestations navales. Une chance pour eux d'avoir pu assister à cette remise à l'eau.
Et puis, comme les ports sont particulièrement pourvoyeurs de scènes visuelles accrocheuses, moment de défoulement pour quelques clichés d'un autre genre.
Un chargement de ferraille jonchait le quai. Un cargo avait vomi quelques temps auparavant et le contenu de ses entrailles gisait là attendant d'être un jour ramassé pour repartir vers d'autres horizons, italiens peut-être.
Avant que naisse de cet amas une adorable Fiat 500 version 2010, il est l'heure de quitter Granville, de replier son drapeau Breton et d'envisager quelque salade landaise puisqu'aucun restaurant n'a plus la moindre table à nous proposer !