Je vous avais promis un nouvel épisode de mes soupes de sorcière.... Le voici !
J'avais envie de recommencer une teinture aux pelures d'oignons. La précédente avait été faite avec 6 gr de pelures, j'ai, cette fois, mis quatre grosses poignées de pelures dans une chaussette de nylon en guise de filet. J'ai aussi choisi de préparer mes tissus en faisant un éventail serré de deux carrés que j'ai bloqués entre deux planchettes de bois. Ainsi, seuls les plis sont en contact avec le liquide qui teinte, le reste est protégé par les baguettes. Et puis, sur une sorte de manche, j'ai torsadé un autre carré de coton et j'ai tassé cette torsade vers l'extrémité du tube. Ligatures à l'élastique.
Même si le jaune obtenu est moins acide que ce que rend la photo, je suis contente des effets produits par les ligatures (au premier plan). A droite, on aperçoit également deux carrés "rouillés" selon la bonne vieille méthode du trempage quelques jours avec eau, vinaigre blanc et morceaux de fer déjà rouillés ou pas... Certains morceaux laissent des empreintes intéressantes.
J'avais aussi repéré la teinture possible à partir de pelures de mandarine. J'ai cinq mandarines dans ce gobelet et j'ai débité les pelures en tout petits morceaux. Comme je continue de fonctionner sur le principe de la décoction, je devais normalement commencer par faire la décoction en faisant juste bouillir mes pelures dans l'eau. J'y ai glissé tout de même un carré de coton pour voir.... J'avais lu que la mandarine teignait faiblement alors je n'escomptais pas de résultat intéressant sauf que....
Zut, je dis Zut parce que mon tissu n'a pas été mordancé. Pourtant, admirez la jolie nuance obtenue, rien qu'avec les pelures de cinq mandarines... et la préparation de la décoction...
Vous faites la différence entre décoction et infusion ? L'infusion, c'est verser une eau frémissante sur un produit sec et laisser poser quelques minutes avant de consommer, la décoction c'est mettre le produit sec dans de l'eau froide, monter à ébullition et laisser mijoter un certain temps... Dans mes recettes, la plupart du temps, le temps de mijotage est de 10 minutes.
Me voilà donc avec un tissu non mordancé mais déjà joliment coloré. A remettre donc, avec ses frères immaculés, dans la décoction obtenue mais avec l'alun qui permet au tissu de mieux admettre la couleur et de ne pas la repousser.
J'avais aussi une fleur en picot irlandais qui m'a été offert. Il a été crocheté en coton, peut-être blanc à l'origine mais il est devenu marron-rouille, comme s'il avait pris les couleurs d'une déteinte de cire au fond d'un vieux tiroir... Petite tentative de récupération ?
Pas si mal... Mais l'orange est moins lumineux... Plus marronné, plus beige... enfin, moins orange, quoi !
Il y a quelques temps, j'avais aussi repéré, aux abords du supermarché, un petit arbre qui semble donner des glands. Un chêne ? Non, non... Je ne sais pas ce que c'est mais il donne bel et bien des glands. Je les ai fait tremper quelques jours pour en ramollir la coque afin de pouvoir les trancher en deux au couteau. On verra bien ce que ça fait...
Comme vous le voyez, la feuille est loin de faire penser à celle d'un chêne...
Mais le fruit est bien un gland, pourtant.... J'ai vu les mêmes arbres sur la place de l'église à Hauteville-la-Guichard. Certaines comprendront pourquoi j'en parle.
Donc, j'ai fait tremper avant de couper en morceaux mais je ne vous cache pas que c'était loin de sentir la rose quand j'ai ouvert le pot (j'avais mis un couvercle pour éviter que mon chat n'aille goûter ce breuvage douteux).
Il était temps que je m'en occupe et j'ai procédé à un lavage préliminaire des glands avant de démarrer ma cuisson de décoction.
En fin de cuisson (mis à l'eau froide, ils ont d'abord bouilli et j'ai baissé le feu pour ramener le mijotage doux durant une quinzaine de minutes), les glands avaient pris des odeurs de châtaignes.... Un peu... Vaguement...
En versant la décoction, que j'ai dû filtrer avec un bas, le jus avait une couleur de café. Impossible que la teinture fît du rose alors ? Comme j'ai constaté que pour les marron et pour les beige, on emploie plutôt le Sulfate de Cuivre que l'Alun, j'ai utilisé le sulfate de cuivre (2 cuillerées à café dans le bouillon refroidi - puis on met le tissu à teindre, on monte à ébullition, on réduit à petit mijotage pendant 10 à 15 minutes et on éteint le feu en laissant la préparation refroidir tranquillement, tissus dedans).
Voilà les couleurs obtenues. J'avais, en plus du linge blanc, ajouté un des carrés à rayures préparés pour la teinture à l'oignon et le morceau orange obtenu lors de la fabrication de la décoction de pelures de mandarines. Ce dernier, déjà coloré, est devenu d'un beige soutenu. Le carré rayé, est devenu beige clair, les rayures jaunes obtenues avec la teinture à l'oignon ont viré au beige profond. Les autres tissus semblent avoir moins pris la teinture beige mais, à cette heure-ci, ils sèchent sur le fil à l'ombre de mon sous-sol. Nous verrons demain quelle bonne surprise ils nous réservent. Il n'y a pas de raison !!!
Dernière petite expérience, cette fois avec les roses de la Saint-Valentin. Elles n'ont pas aimé le chauffage et ont quasiment séché sur tige. Plutôt que les jeter, j'ai haché les corolles dans de l'eau .....
Vous avez-vu à quoi employer un ancien poëlon pour fondue bourguignonne ? Donc, émiettage des cinq roses dans un litre et demi d'eau froide. Montée à ébullition et mijotage une dizaine de minutes....avant de couper la flamme, de mettre le couvercle et de laisser la décoction se faire. Je peux vous dire que le jus était d'un rose fuchsia particulièrement intéressant !!! En plus, tout comme la mandarine, la rose sent bon...
Pour ajouter un peu d'acide acétique, j'ai allongé ma décoction filtrée de vinaigre blanc et j'ai plongé mes tissus dans ce bouillon rose indien magnifique. J'ai porté le tout à ébullition et j'ai laissé mijoter à petit feu.... Un peu trop longtemps sans doute ! 10 minutes suffisent mais, en laissant encore un peu, j'ai vu la couleur virer et mon joli rose s'éteindre pour donner une sorte de violet profond. Actuellement, le tissu est toujours dans le poëlon que je vais aller vider de son jus. Je rincerai mon tissu une première fois à l'eau tiède puis plusieurs fois à l'eau froide jusqu'à n'avoir plus de dégorgement de couleur. Mais de quelle couleur sera mon tissu ? Vous le saurez.... demain si vous êtes sages !!!
En attendant, je complète mes pages de constats pour mémoire :
Je vous fais un bisou et je vous dis à demain ?