Mieux qu'une éclaircie : un vrai soleil de.... d'été ?
Après de tour de jardin, j'ai donc choisi, pour promenade familiale, d'aller au Chateau de la Roche-Jagu.... Peu après Paimpol, à hauteur de Lézardrieux, sur les hauteurs d'un plateau que le soleil inondait à notre arrivée.
Les 5 et 6 mai derniers, s'y donnait la "Fête des Jardins" qui m'avait tentée mais le temps était maussade et moi aussi. Un trop de fatigue avait atteint le moral, le courage m'avait abandonnée et je sentais que nous nous y gèlerions. En nous y rendant hier, j'espérais au fond de moi qu'il subsiste quelques reliefs de cette fête....
L'arrivée au château se fait par une allée rectiligne mais ce que j'aime par-dessus tout, ce sont ces clôtures naturelles faites de branches de saule. J'en rêverais pour le jardin... Derrière cette clôture, quelques jolis exemplaires de rhododendrons dont ce rose vif.
Le parc du château est aussi le site d'expositions artistiques, d'installations variées et d'organisations de spectacles. Hier, deux chapiteaux étaient érigés non loin du parking pour donner un "bal équestre" .... Un couple de voltigeurs et leur imposant percheron pommelé, un fildefériste évoluant avec aisance au-dessus de la piste, une écuyère et son petit cheval gris qui déambule entre les tables, un jongleur maniant chapeaux et balles rebond, un danseur et sa bête noire, un superbe frison noir de jais traversant la piste en liberté, un couple de danseurs de tango arrivé en direct de Buenos Aires et quatre musiciens aux accents métissés : tels sont les ingrédients du Bal des Chevaux , cabaret équestre et dansant dont les répétitions redémarrent en mars sur notre territoire...... Mais entre 8 et 13 euros l'entrée, nous avons préféré la promenade d'oxygénation que nous nous étions promise !
Il reste une foule d'objets, meubles ou sculptures, qui ont été exposés là et qu'on a laissés pour le plaisir des visiteurs...
Le château est également renommé pour ses arbres, ses fleurs, ses légumes même et, quand vient l'été, une démonstration de récolte de lin est proposée pour revivre les choses comme autrefois quand la Bretagne était un territoire voué au textile avec une "route du lin" à suivre, que je vous recommande. Elle vous emmènera à Quintin pour la visite d'un musée très bien organisé et très instructif.
A cette époque de l'année, toutes les activités du château n'ont pas encore repris. Les visites de l'intérieur, par exemple. Néanmoins je vous laisse profiter de l'architecture, des périodes de construction et d'agrandissement, des détails de cette bâtisse rose qui surplombe le Trieux, fleuve par lequel voyageaient le lin et les toiles que l'on avait travaillés ici.
Tout autour du château s'étire le parc dont une partie est cultivée tandis qu'une autre est entretenue dans un esprit naturel et sauvage. Les visites se font au rythme du promeneur qui choisit son itinéraire en fonction de ses possibilités devant la distance à parcourir ou le relief, plus ou moins accidenté, même si le chemin est soigné, irrigué, tondu, taillé.... pour un confort exceptionnel.
A deux ou trois endroits du paysage, des terrasses ont été aménagées qui permettent de s'accouder au-dessus de la vallée du Trieux. Les planchers de bois, les rambardes, la forme en pointe de ces terrasses donnent des envies de hurler "I am the queen of the world !"... Sauf que dessous, les bâteaux qui passent quand la marée remontent ne sont pas du tonnage du Titanic... Tout au plus voit-on circuler de jolis voiliers, de vieux gréement de travail. Pour une autre vision des lieux, je vous conseille une autre manière de voyager : le train. Voyez-vous ces arches, dans le méandre du fleuve ? Il s'agit du pont du "petit train". Une série de wagons anciens, en bois, que tracte une locomotive à vapeur. Le train part de Paimpol pour aller jusqu'à Pontrieux et passe là, donnant une vue extraordinaire sur le château qui domine le lit de la rivière ! Un circuit très...... pacifique !!! Mais ceci est une autre histoire....
La nature a bien profité des heures d'arrosage que nous avons eues les jours précédents. Les pelouses ont verdi, les haies ont fait plein de pousses tendres, les arbres fleurissent et les hirondelles font les folles dans l'air cru....
Si le lin poussait sur le plateau, il était traité plus bas une fois récolté. L'eau est un élément principal dans le traitement de la tige dont sont extraites les fibres. L'eau dégringole de rocher en rocher, court dans des canaux étroits, alimentent des bassins à rouir. Désormais, l'eau est ici guidée pour devenir un élément rafraîchissant que les promeneurs apprécient par les temps chauds de l'été. Dans le sous-bois ils trouvent la fraîcheur de l'ombre, dans les jets d'eau l'humidité désaltérante....
La descente se fait en douceur sur le tapis douillet de l'herbe tondue ras que surveille le chateau en surplomb. Les murs de pierres sèches sont les refuges de plantes miniatures (fougères, nombrils de Venus, erygerons, mousses...) et d'animaux qui se cachent dans les anfractuosités. Toute une vie grouille dans ces murs presque plans.
Des arbres fruitiers préparent l'arrivée des fruits que cueilleront les enfants riant et courant dans les allées. L'espace est sûr et sans grands risques, les petits s'en donnent à coeur joie... Parfois, il y a même des surprises qui les font réagir et rire à gorge déployée.
Fleurs roses venues sur le bois, feuilles tendres et nouvelles aux tons beige presque saumon : ne s'agirait-il pas alors d'un arbre de Judée ? Les feuilles en forme de coeur sont assez typiques.
J'ai raté ma photo de la fleur sur l'arbre, je suis allée vous en chercher une sur internet :
L'avant-dernier bassin réserve une petite surprise à quiconque s'approche du jet remontant..; effets garantis !
Le parcours est balisé de piques perlées de turquoise et des panneaux indiquent les directions à suivre. Impossible de se perdre dans le dédale des allées....
Arrivés tout en bas des fossés, nous sommes arrivés au "port départemental du Trieux", là où graines et fibres étaient chargées à bord des bâteaux fluviaux. Il ne reste plus qu'à remonter par l'un ou l'autre des chemins...
Tout le long du chemin de remontée, des sculptures de terre cuite ont été installées dans le talus. Au fil des ans, la végétation les a absorbées et elles sont parfaitement intégrées au paysage, crachant l'eau de leurs joues rebondies.
J'aime beaucoup l'intégration des éléments métalliques et rouillés dans la nature. Ici ou là, on rencontre aussi des sièges soudés pour une petite pause réparatrice.
Les genêts en fleurs se reflètent à la surface des bassins et l'on continue de croiser les murets de saule tissé que j'affectionne.
Ortie jaune , Nom scientifique: Lamium galeobdolon L. [Lamium, Lamiaceae]
En fin de promenade, le soleil avait bien baissé sur l'horizon. A l'ombre du sous-bois, la lumière commençait à manquer.
Les éclaboussures sont largement profitables aux scolopendres encore légèrement enroulés en ce début de saison.
Les couleurs printanières donnent au paysage des allures de miniature ou de tableaux naïfs...
Les jardins ont été dessinés avec des lignes harmonieuses qui leur donnent un caractère très graphique tout en respectant leur côté naturel.
Au pied des arbres, une couronne de feuilles d'acanthes d'ailleurs cultivées dans l'un des petits jardins pédagogiques. Tous ne sont pas encore ouverts en cette saison car il s'agit de les garnir, de planter les boutures ou les semis préparés...
Les pentes sont sculptées et facilitent l'escalade.
L'entretien est minutieux et sans indulgence inutile. Ici, une série d'arbres a été tronçonnées mais les souches laissées en place pour devenir sculptures naturelles où s'asseoir.
Les genévriers ont été érigés, deux à deux, comme autant de vigies qui scandent le passage vers le château.
Cependant, les haies bordant les allées sont parfois peu accueillantes pour une main qui traîne. Un joli houx dont les pousses de l'année prennent des couleurs de bronze contrastantes. Un bien bel effet !
Les bâtiments de l'entrée de la cour du château sont affectés, d'un côté, à un restaurant où les promeneurs aiment terminer leur balade, confortablement installés en terrasse. Hélas, la très récente Fête des Jardins a laissé là un barnum de plastique blanc qui s'associe assez peu aux pierres anciennes à mon goût.... A côté, une librairie ou chacun peut trouver des ouvrages traitant du jardinage, des jardins de curés, des plantes médicinales etc... On y retrouve les plantes que l'on a croisées sur le parcours.
Avant de rejoindre la voiture au parking, il reste les jardins à visiter. Jardins des saveurs, jardins des senteurs.... Pour l'instant, tout n'est pas regarni mais thym, mélisse, coriandre occupent des carrés de damiers dans un jardin aux herbes aromatiques,
avec plusieurs hôtels à insectes qui referont certainement l'objet d'ateliers à la fin de l'été,
Et puis, un jardin aux plantes annuelles que cerne une balustrade fleurie
Les jolies prêles que j'aimais tant employer en art floral pour les cassures nettes que l'on peut faire à la tige. Un bon moyen d'obtenir des effets graphiques à peu de frais....
La clôture est faite d'arbres fruitiers dressés en espaliers qui mêlent leurs branches et leurs fleurs.
Et comment sublimer une partie du paysage ? Le mettre en cadre !!! Pour ce faire, la recette est simple : vous créer un cadre en branches tissées, vous ménagez une ouverture au milieu et vous placez le cadre devant une partie de votre paysage pour n'en prélever que l'échantillon qui vous plait le mieux et ainsi le mettre en valeur. Autrement plus joli que de joindre les mains à la manière du photographe, non ?
Voilà donc un tableau naturel que vous pourrez changer à l'envi !!!
De quoi faire venir à vous les hôtes des jardins, papillons et coccinelles....
Je ne sais pas quel temps vous avez eu aujourd'hui ? Chez nous il a fait doux, peu ensoleillé et relativement venté. J'espère que cette longue promenade que j'ai faite hier vous aura plu et vous aura dépaysé ?