C'est un fameux trois mâts, hissez haut !
C'était samedi dernier. Le temps se maintenait malgré de gros nuages noirs menaçants. Il fallait en profiter pour sortir et l'idée d'aller voir la "Fête des Vieux Gréements" à Paimpol m'a plu. C'était, pour les groupes de chants de marins, une bonne occasion de répéter avant l'heure du Festival de Chants de Marins où la ville, cette fois, sera cadenassée et uniquement accessible à qui aura acheté son billet ou son passe trois jours.
Il y avait pas mal de petits bateaux de bois (dont un pointu Méditerranéen joliment restauré) et la plupart avaient sorti leurs voiles teintes, ce qui rendait au port les traits qu'il devait avoir au temps des Islandais, les jours de retour de pêche.
La marine ancienne était à l'honneur et circuler au ras des embarcations avec les chants de marins en fond sonore prenait une coloration très particulière. J'ai eu des envies de coiffes, de Toukenn, de Catioles, de châles et de sabots mais le folklore s'arrêtait aux chansons. Pour le reste, il s'agissait d'un marché d'artisanat d'art avec quelques stands très attractifs dont celui d'une potière de talent où j'ai craqué. J'ai craqué pour un petit pot en Raku. J'en rêvais depuis si longtemps. Cette potière est basée à Kerity, juste à l'entrée de Paimpol et je devrais la revoir en décembre, au marché de Noël.
Surprise, parce que pas inscrit au nombre des bateaux devant être présents, le trois-mâts "Bel Espoir" faisait halte avant de reprendre sa route vers Brest. Un grand et beau bateau élégant. L'équipage était constitué pour partie par des jeunes gens "différents" mais l'on sait que le Bel Espoir avait pour mission initiale d'emmener, loin des mauvaises tentations de la ville, des jeunes engagés dans une dérive délinquante. J'imagine que sa mission d'aide s'est élargie à d'autres publics en besoin de distraction, de voyage, d'évasion...
C'est peut-être le mauvais temps de la veille qui a poussé ce bateau à chercher abri au port de Paimpol. Il faut dire que l'horizon était bouché et la vue limitée à 500 m tout au plus. Un temps à ne pas mettre un trois-mâts dehors !
Malgré les bruits de la fête, les chants de marins qui se superposaient, le clapot, un plaisancier avait trouvé le moyen de s'endormir.
A l'heure de la marée haute, les bateaux s'entassaient dans l'écluse pour entrer dans le bassin. C'était aussi l'heure, pour le "Bel Espoir", de reprendre la mer et de quitter Paimpol. Le gonflable l'a écarté du quai puis lui a fait faire un demi-tour en le poussant moteur à fond. C'est à ce moment-là que le "Saint-Quay" est arrivé pour se joindre aux autres vieux gréements.
Pour moi aussi il était l'heure de repartir mais, surtout, j'avais envie de rejoindre un lieu d'où je savais voir la passe parfaitement. Je voulais voir le "Bel Espoir" toutes voiles dehors....
Les autres bateaux permettent de faire des comparaisons de taille et de prendre conscience de la grandeur du trois-mâts.
Mais très vite, le beau voilier a mis cap à l'ouest et nous a tourné le dos. Nous n'allions pas dans la même direction....