Le roi Nelson
Nelson est ravi. On ne s'absente plus, on ne le laisse plus seul à la maison, nous sommes là en permanence. En plus, avec les premiers vrais beaux jours, il a droit à des promenades (en laisse) dont il aime la variété : tantôt il redécouvre l'intérieur du garage qu'il visite de fond en comble comme si c'était la première fois, tantôt il peut enfin pénétrer dans le cabanon de jardin habituellement fermé à double tour. Et puis merveille, Ô merveille, chaque soir il y a l'attente d'un petit raton qui arrive (ou part) sous le grand portail. Son odeur est partout et Nelson l'attend sans perdre patience jusqu'à la nuit tombée. Il attend, attend, attend...... et un de ces soirs, c'est sûr, le mulot ou musaraigne sera croqué !!!
Au début du confinement, il y a eu un moment de sidération : absence totale de courage et d'envie de faire. Fatigue insurmontable et endormissements répétitifs. Une sorte d'arrêt brutal du mouvement, une disparition soudaine de toute énergie. Mais après un temps de repos obligatoire, il fallait terminer un ouvrage collectif commencé au club : un travail long et fastidieux, l'attache un par un, des ronds de jean décorés par les camarades de l'association. Bien sûr, Nelson a jugé utile d'apporter sa contribution. Heureusement qu'il était là pour me redonner du peps. Il m'a beaucoup aidée. Pour preuve....
Dehors, le jardin a profité et les massifs sont dans un désordre indescriptible. Nelson est ravi, lui qui cherche des brins d'herbe à manger pour se purger. Cette fois, il peut choisir où se fournir, l'herbe a poussé partout. Et dans l'herbe, il arrive même que l'on retrouve des jouets oubliés et perdus : la balle du chien Izzy, par exemple.... Nelson qui n'aime rien tant que jouer au foot avec des "bouboules" de papier serré a bien tenté un envoi avec la balle de tennis mais, franchement, c'est trop lourd. Même pas drôle !
Il y a où se cacher, il y a des odeurs, il y a du soleil, il y a de l'ombre..... Tout un univers où Nelson se régale quotidiennement, du matin de bonne heure au soir tard, quand la nuit se fait noire.
Et puis il y a des oiseaux, aussi. Le confinement les a rendus confiants : ils s'entendent gazouiller (le bruit des voitures ne vient plus perturber leur communication), ils n'ont plus d'humains qui leur font peur et les font s'envoler alors ils prennent du culot, ils s'installent dans la cour, les branches basses des arbres. Ils viennent chercher les miettes et les insectes tout frais sortis de leur hivernage....
Merles, moineaux et mésanges s'approchent des jardins qu'ils évitaient. La végétation s'épaissit pour mieux les cacher, et les pariades vont bon train. Ils y aura de l'oisillon cette année !
Nelson rouspète et miaule : la longueur de sa laisse ne lui permet pas de monter sur le toit pour sauter à la poursuite des oiseaux qui le narguent. Sauf que Nelson sait monter mais il ne sait pas descendre. Alors il appelle et Maîtresse grimpe pour aller le chercher. Oui, oui, même sur le toit de la maison de la voisine où il s'était un jour réfugié. Chaque jour, c'est dans l'olivier qu'il se perche mais, après un moment à observer autour de lui depuis son poste en hauteur, il appelle pour que l'on vienne le cueillir tel un fruit mûr dans l'arbre. Maîtresse s'approche et Nelson saute sur son épaule avant que Maîtresse se plie en deux et permette ainsi à Nelson de lui couler le long du dos avant de sauter à terre. Et pour qui en douterait, il suffit de compter les cicatrices à vif sur la peau de Maîtresse qui est ainsi scarifiée de haut en bas. Nelson ne sait pas rentrer ses griffes quand il saute : les chaises de la maison peuvent en témoigner !
Au jardin la végétation s'épaissit : c'est un régal de pouvoir s'y cacher, au frais et à l'ombre, sans être visible tout en pouvant surveiller les alentours !
Je pensais que Nelson n'apprécierait plus de grimper dans l'olivier désormais réduit à sa plus simple expression mais que nenni, hier encore il y était grimpé pour pouvoir regarder chez les voisins par-dessus la clôture. C'est qu'il s'y trouve une tortue qui sillonne les pelouses en mangeant les pâquerettes et les pissenlits. Intéressant !!! Alors peu importe que l'olivier n'ait plus de feuillage, au moins la vue ne s'en trouve que plus dégagée !!!
Au clair de la lune, notre ami Nelson....