Le titre de mon article est aussi le sous-titre du rassemblement d'artisans d'art à Léhon. Il s'agit, ce week end, des Journées Européennes des Métiers d'Art et, comme chaque année, j'ai poussé jusqu'à Léhon, près de Dinan en Côtes d'Armor.
Pour la première fois, la pluis nous a tenu compagnie. Oh pas de déluge mais plutôt des averses fréquentes d'une jolie pluie fine, parfois illuminée d'un soleil doux bien qu'il ne fasse pas encore très chaud. Comme toujours le site est une pure merveille et l'entrée dans l'Abbaye réserve cette belle surprise du jardin intérieur, jardin de plantes aromatiques et médicinales, parmi lesquelles on a installé quelques belles pièces sculptées ou de terre cuite et émaillées....
Sur trois niveaux, les exposants se sont installés. Les rangs sont plus clairs que les années précédentes où, parfois, portés par le public nombreux, on passait devant les stands sans même pouvoir s'arrêter et regarder les belles pièces du créateur. Au rez-de-chaussée, nous avons retrouvé cet artiste que nous avions vu l'an passé et qui travaille le métal pour créer des sites imaginés à partir de friches industrielles qu'il a photographiées. Cette année, il a mis au point des appliques murales qui éclairent une photo placée à l'avant. L'effet est superbe et donne une nouvelle vocation aux lumières murales.
Malheureusement, de plus en plus d'exposants refusent que l'on prenne des photos, même de façon élargie. Peu reconnaissent que nous ne serions vraiment pas nombreux à pouvoir les imiter et savent que s'ils étaient copiés, les pièces faites "à la manière de" n'auraient pas la même valeur, voire ne pourraient être vendues. Prendre des idées, c'est ce que fait toujours le public qui visite une exposition de ce genre mais réaliser est un passage à l'acte que bien peu parvient à faire.
J'ai quand même eu un peu de chance car le créateur qui suit m'a autorisée à montrer son stand et ses merveilleux sacs. Outre certaines formes particulièrement originales, ces sacs sont très joliment réalisés avec des tissus précieux comme la soie de ce petit sac, reproduction d'un modèle de l'époque Louis XIV, ou des tissus d'époque comme ce pied-de-poule bleu marine tout droit venu des années 50. Les tissus de la marque Dormeuil apportent un cachet inestimable à certains sacs dont les finitions forcent l'admiration : du cuir souple de veau, une poche intérieure faite du même tissu pour plus d'élégance encore, des surpiquages qui ajoutent du relief et confirment le graphisme du motif. J'en passe et de plus belles encore.
J'ai vraiment beaucoup aimé les tissus, leurs coloris et leurs impressions. Bref, Michel Gasnier, styliste et créateur de modèles uniques, mérite vraiment une visite de sa boutique-atelier : 2, place Saint-Sauveur à Dinan. Le mieux est encore d'aller faire un tour sur le blog de "Michel Gasnier Collections" qui y présente quelques-uns de ses très beaux modèles.
J'ai également retrouvé là cette très gentille relieuse, Nathalie Le Jan, qui travaille le décor du papier de recouvrement qu'elle assortit aux peaux de poissons tannées qui gainent le dos de ses livres : livres blancs pour qui veut coucher là quelques souvenirs, livres de cuisine, livres de lectures, carnets en tous genre et tous plus beaux les uns que les autres. Cette fois encore, j'ai craqué.... Nathalie Le Jan pourra être retrouvée à partir du 6 avril à la Boutik de créateurs "Un été sous les Arcades" à Saint-Quay-Portrieux, 8 rue Georges Clémenceau.
Pour le bon accueil et la gentillesse de sa maman qui gardait son stand, je citerais également Elisabeth Faure, créatrice de sacs en cuir qu'elle travaille à partir de morceaux de cuir issus de chez Hermès. J'ai aimé ses coloris corail et beige, particulièrement bien mariés....
Une autre exposante a attiré mon attention : Anne-Gaëlle Racapé, tapissier d'ameublement, sous la marque Agapantiss. Là encore j'ai aimé tout un carnets d'échantillons de tissus irrégulièrement damassés, comme usés, dans tout une palette de couleurs que l'on dit volontiers miennes. Un pourpre adouci de gris, un rouge ancien et quelques autres coloris tout aussi intéressants. Cette artisane d'art n'a pas souhaité que je prenne des photos qui seraient entrées en conflit avec celles proposées sur son site à découvrir ICI. A retrouver : un petit fauteuil recouvert d'un patchwork de tissus dont du jean récupéré qui met donc des poches sur les côtés du siège. Amusant, original et pratique !!!
Et puis, sur un palier bien éclairé et inratable pour qui montait l'escalier, le stand de Danièle Orhan-Horlick que nous avions laissées à La Galerie de Binic-Etables sur Mer la semaine dernière.
Les visiteurs, à la fois attirés et intrigués par les pièces accrochées aux murs, ont parlé de chamanisme, d'Orient, d'Extrême-Orient, d'art orthodoxe, d'art Mexicain..... Faut-il vraiment toujours classer et cataloguer les styles, les genres, les gens ? Danièle Orhan-Horlick crée à l'instinct, jouant avec les objets qu'elle touche et caresse parce qu'ils lui parlent. Ce qu'elle crée n'est rien de tout cela mais est tout cela en même temps, issu d'influences artistiques et culturelles diverses. Chaque petit objet collecté raconte une histoire et pour peu que cette histoire réussisse à s'unir à une autre, il nait alors un tout doté d'une personnalité, une pièce habitée qui happe celui ou celle qui l'observe. Habillée de tendresse et de souvenirs, la boite devient un autel, une ode à la femme, le cadre se fait miroir pour un auto-portrait inattendu, le tiroir se renverse pour s'associer à des étais improbables afin de ressembler à une petite chapelle ambulante. Pourtant, il n'y a rien de religieux dans ces ensembles, rien que l'illusion basée sur les souvenirs que nous pouvons avoir de choses ressemblant à celles-ci que nous voyions dans les maisons de nos anciens quand, jadis, aucune maison ne pouvait se passer de son bénitier, de sa statuette religieuse, de sa branche de buis bénite.
Le cadre est tout à fait adapté à la collection que présente Danièle. Quelle autre fenêtre que cette fenêtre aux carreaux losangés et fermée d'une espagnolette aurait pu mieux convenir à l'ambiance de cet accrochage ? Dentelles, plis cousus et mots brodés s'associent tellement bien aux murs de pierre.... Et Danièle Orhan-Horlick ressemble tellement à ses créations. Non, décidément, rien de réellement exotique dans cet art singulier, si singulier.... Juste une impression d'ailleurs et d'autrefois !
Et d'une année à l'autre, les murs se souviennent de ces talentueux artistes, de ces artisans, meilleurs ouvriers de France pour certains, qui se mettent au service du public et ont à coeur d'échanger avec lui, d'expliquer leurs savoir-faire.
Et pourquoi ce titre "Cuissons au feu de bois" ? Parce que dans le jardin extérieur la part a été faite belle aux poteries et à leur cuisson. Des fours ont été construits sur place : four de briques réfractaires couvertes de glaise, four de papier fixé à l'aide d'un torchis en croûtes dessus et dessous, four de bouteilles où l'on pose côte à côte des bouteilles vides en recouvrant le cercle d'une couche de torchis. Travail alterné jusqu'à la pose finale d'un capot de torchis percé de la cheminée. En passant au large de ces fours, la chaleur nous capture et fait du bien dans la fraîcheur de la pluie qui tombe encore.
Cette fois, je n'avais donc que peu de photos à proposer. Toutefois, ces journées se tiennent dans toutes les villes. Il faut se renseigner pour connaître les points d'exposition.
Dans ce même temps, à Plomelin - dans le Finistère -, notre amie Patchacha tient son stand et je lui souhaite une très heureuse exposition. Que son travail, si attachant, séduise le public et que son livre fasse l'unanimité. Bon dimanche, Patchacha !