D'abord, il fallait y aller et ce n'était pas la moindre des difficultés !
La neige, qui s'était mise à tomber copieusement la veille dès la fin d'après-midi, avait profité de la nuit pour recouvrir les routes et engloutir les voitures. A six heures à peine passées, l'idée d'un train à choper à 7 h 42 commençait déjà à nous effrayer....
Quand faut y aller, faut y aller. Merci ma Biche pour ce coup de main et ce coup de balai dont je n'aurais pas été capable dans les mêmes délais...de réalisation.
Au programme de cette édition 2010 du salon Parisien le plus couru, "Le fil en scène" et les trésors des costumiers de l'Opéra de Paris, de la Comédie Française, du Centre National du Costume de Scène et de l'Opéra de Marseille.... Tout un programme !
Tant pis pour le manteau qu'on n'a pas pu laisser au vestiaire et que l'on a dû garder sur le dos durant les quatre heures de notre visite :
- "Madame, nous n'avons plus le moindre cintre"...
- "Mais ces deux personnes qui partent en libèrent donc au moins deux ?" ...
- "Oui mais ceux-là sont au bout et moi il faut que je mette à la fin donc c'est impossible !!!"....
L'argument ne tenait pas la route mais je n'avais pas de temps pour discuter. Nous avions loupé notre train matinal, nous n'avions que quatre heures devant nous pour tout faire et tout voir et repartir par le métro fort heureusement pile poil devant le pavillon à quelques dizaines de mètres.
Les mezzanines sont le site des expositions. Alors on grimpe dès notre arrivée et il n'y a plus qu'à se régaler... Je ne prends pas tout en photo car ce serait fastidieux, tant pour moi qui photographie et ne vois plus ce qu'il faut regarder que pour vous, lecteurs...
On dit toujours qu'il faut saisir le visiteur dès l'entrée. Moi ça m'a cueillie et ça m'a rappelé une exposition que j'avais vue, voilà quelques années à St Lô, avec des costumes de théâtre dans une ambiance sombre et fantômatique. Cela m'avait beaucoup plu déjà...
En tournant à l'angle de l'exposition, j'ai alors dévié ma route et quitté les costumes de scène pour entrer dans une autre exposition de costumes, celle de Ollivier Henry qui présentait, cette année encore, son univers onirique.
Professeur d'histoire du costume à l'Ecole Duperré, Ollivier Henry s'attache à reconstituer l'histoire par le costume à force de couture et de broderies magnifiques. Je n'avais pas compris que des photos pouvaient être prises mais sans le flash aussi n'ai-je pris que peu de clichés des belles tenues ..........................
.................................................................................car je suis littéralement tombée en extase devant les statuettes costumées de Jean-Noël Lavesvre, peintre, sculpeur, scénographe et créateur de costumes dont le parcours l'a mené de l'Opéra de Marseille à Shangaï en passant par les Etats-Unis. Tout y est : la sculpture, le modelage, la couture et l'assemblage des tissus, la broderie.... de l'art textile à l'état pur "comme on aimerait en voir plus souvent" !
Waouh.... Vous aussi ça vous fait pareil ???
Il fallait, Il aurait fallu, un temps de pause pour reprendre la visite et se remettre de pareilles beautés contemplées mais l'horloge tournait et il ne fallait pas perdre de temps si on voulait tout voir et sillonner le salon.
Des costumes, encore des costumes, toujours des costumes.... C'était tellement beau !!! Même le travail des élèves de l'Ecole Duperré qui ont travaillé dans l'esprit de l'Opéra-Bouffe, s'intégrait magnifiquement au point que l'on ne savait plus ce qui pouvait avoir été porté en spectacle déjà et ce qui venait d'être créé dans le simple objectif de cette exposition.
Je ne doute pas que vous trouverez, en surfant de blog en blog, plein d'autres photos de ces superbes costumes... Ca met l'eau à la bouche, hein ?
Mais il y avait aussi à découvrir les Trésors du Point de Croix avec l'exposition de 51 créatrices par France Point de Croix (tiens j'attends toujours de leurs nouvelles après mon inscription ?). Une rétrospective du point de croix, de son apprentissage à l'école et du travail en ouvroir apportait un peu de nostalgie tandis que Véronique Maillard ajoutait la dimension historique en témoignant avec sa "Mercerie Ancienne".
Les quatre pièces principales et entièrement brodées d'une maison imaginée par Yvelines Point de Croix.
Outre le club "Le Point Compté", "Point de Croix Bourguignon" était présent avec 17,48 m de broderie en ruban. "Paris Point de Croix" contait Paris à points comptés, "Marquoirs en Essonne" avait rapporté sa fameuse commode brodée aux tiroirs remplis de secrets, "Yvelines Point de Croix" ajoutait un livre brodé à cette maison que je présente ci-dessus et l'association "Point de Croix Rencontres" de Flers, dans l'Orne, remettait en mémoire l'apprentissage des techniques des ouvrages de dames.
D'ailleurs, c'est le moment idéal de rappeler que l'Hommage aux Grands-Mères sera rendu à Flers dans dix jours ! Venez faire un tour dans l'Orne, l'exposition et le salon valent vraiment le coup... J'y serai et je rendrai compte... C'est promis.
Il s'agit d'un panneau réalisé avec la juxtaposition de bretelles brodées ! Ouvrage du patrimoine alsacien je crois bien...
Exposition encore des toile de nana Metreveli, une Géorgienne qui "peint" avec ses fils des scènes apparemment traditionnelles mais qui nous parle des visions qu'elle a et qu'elle reproduites.
Effectivement, quand on prend du recul, on découvre des choses assez extraordinaires dans l'entrelacs des points posés et des lirettes de tissu entremêlées mais j'avoue avoir ressenti de l'angoisse à regarder son travail. J'y ai vu quelque chose d'irrationnel, d'obsédant et une accumulation obsessionnelle qui m'a plus ou moins gênée. C'était intéressant et inquiétant à la fois....
Autre découverte "en live" : le Tristan Quilt. Exposé au Musée Victoria & Albert de Londres, c'est grâce à la Maison du Boutis de Calvisson, à plus de quarante brodeuses et à l'énergie de Francine Nicolle, que cette étonnante courtepointe de Guicciardini, appelée Tristan Quilt en Angleterre, a revu le jour et a pu être finalement exposée à l'Aiguille-en-Fête.
C'est en 2006 que l'équipe s'est lancée dans la réédition du document médiéval appelé Coperta de Guicciardini en Italie. Le travail a été achevé en 2009. Impressionnant !
La première photo m'a permis de découvrir qu'à sa réouverture, mon appareil photo reprend le flash automatique par défaut. J'ai été la première surprise du déclenchement intempestif du flash sachant que les photos étaient autorisées sans, pour ne pas abîmer les ouvrages.
Cela dit, l'éclairage ambiant était sûrement plus nocif encore que les flashs des appareils numériques et, pour vraiment protéger les ouvrages, ce sont des lumières noires qu'il aurait fallu, dans une pièce ombragée. Dans un salon comme celui-là, les conditions de protection contre les agressions lumineuses ne sont pas réunies, loin s'en faut. Pour preuve :
Nombreux étaient les endroits de démonstration et les ventes de laine car le tricot et le crochet remontent dans les coeurs. Dans l'atrium central, un atelier amusant et des aiguilles hors normes :
A mon humble avis, tricoter dans ces conditions relève de la prouesse, de la performance physique et je ne suis pas sûre de trouver encore un vrai plaisir à l'activité car, rien qu'à regarder aiguilles et crochet, mes pouces me faisaient mal.... Ca doit être quelque chose que tricoter ainsi à pleines mains !
Pour le poids du tricot, il paraît qu'il faut s'installer ainsi, les aiguilles posées de chaque côté, sur le canapé. Bon... J'avoue, en revanche, que les couvertures pour lit de nourrisson, tricotées en jersey géant, avaient beaucoup d'allure. Converties en descentes de lit, elles devaient être très agréables sous les pieds et très douillettes. Qui a essayé ?
Enfin, le magazine Quiltmania présentait les oeuvres textiles de Jacqueline Morel et d'Anne-Marie Bertrand. Je connaissais déjà le travail d'Anne-Marie Bertrand, notamment sa Maison de Provence et une autre maison à colombages dans le garage de laquelle stationnait une traction noire pour les avoir longuement regardées dans des Marie-Claire Idées des années 80-90. Je suis retombée sous le charme ....
.... et j'ai acheté son livre. On y apprend l'origine de son travail, on suit l'évolution de son inspiration et on aboutit aux créations de ces derniers temps avec, en prime, un travail pas à pas pour créer un tableau "à la manière de...". Le livre vaut vraiment le coup et je suis ravie de l'avoir acheté. Je le conseille à qui hésiterait et se demanderait s'il traduit bien l'exposition qu'Anne-Marie Bertrand proposait là.
Voilà, vous avez visité un peu l'Aiguille-en-Fête. Impossible de tout mettre ni de tout montrer. Ce serait lassant et pénible mais si j'ai pu vous réconforter un peu, vous qui n'avez pas pu y aller, me voilà récompensée du temps passé à écrire ce très long article.
Pour l'exposition des Lilies, un petit article séparé permet une approche et je tâcherai de mettre une photo supplémentaire aux deux déjà présentées.
Et puis 16 heures étant arrivées, il fallait reprendre le métro puis le train (retardé) pour rentrer dans l'Ouest. Et puis, que décider : rester une nuit de plus et risquer qu'il neige à nouveau ou prendre la route en profitant du sel saupoudré dans la journée ? Je suis rentrée....
Le lendemain matin, un petit soleil nous faisant de l'oeil, nous avons repris confiance et repris la route car nous devions nous rendre en Bretagne....