Un premier rayon de soleil et zou, me voilà partie pour une balade..... Erreur !!! C'était sans compter avec ce petit vent glacial qui te scie et qui t'endort les doigts et le visage.
Depuis fort longtemps je voulais aller voir les cabanons de bord de mer installés à Cesson et qui avaient été menacés de démontage. Mais ces cabanons constituent presque un petit hameau de vacances où les propriétaires se passent d'eau courante et d'électricité pour vivre des jours de repos à la manière de Robinson. Un rêve, non ?
Une de mes amies m'avait dit "tu pousses jusqu'au port de commerce, tu laisses ta voiture et tu pars, à droite, par le chemin qui t'emmène aux cabanons".... Mais que nenni !!! Le petit chemin t'emmène au-delà du port de commerce si tu veux goûter au large ou bien jusqu'au sable, si la mer est basse. Pour moi, la mer venait de se retirer alors le sable était fort mou et surtout très trempé. Alors j'ai opté pour le crapahut par les rochers !!!
Tous les cabanons ont été repeints. Dommage ! Autrefois tu en avais un vieux rouge, un autre vert tendre etc... A présent, la peinture blanche et la peinture bleue ont tout recouvert. Une exigence municipale ? On sait que ces cabanons ont été très menacés. Serait-ce le contrat pour les maintenir jusqu'à extinction ? Les couleurs variées donnaient beaucoup plus d'intérêt esthétique mais le blanc et le bleu apporte une propreté qui devait sérieusement manquer à ce groupe d'habitation rejoignable par bateau quand la mer est haute, monté sur pilotis le plus souvent, bien à l'abri des regards à droite de la plage du Valais.
Il y a les cavanons au ras de l'eau et il y a les cabanons perchés en haut de la falaise. Pour descendre ou pour monter, de petits escaliers serpentent, parfois repérables à quelques coquilles d'huîtres cimentées pour ornement. Les uns ont fait de leur cabanon un bungalow amusant, coloré, curieusement nommé "Cannes" ou "Monaco" ou encore "Copacabanon" et d'autres sont agencés avec le sérieux et l'élégance de pavillons urbains. A chacun son style mais à tous la corvée d'aller chercher l'eau ou de monter les gradins de cette favella bretonne. Je suis sûre que les propriétaires y passent de super vacances où ils font fi des équipements du 21ème siècle, agençant un nouveau confort où l'essentiel est de retrouver ses voisins pour partager ses journées. J'imagine les enfants lachés en liberté qui dégringolent les escaliers pour aller sur la plage ou vivre des aventures dans les rochers. De quoi se faire de merveilleux souvenirs....
Pour le retour, je pensais faire machine arrière et escalader à nouveau les rochers glissants mais un avis de GR34 nous a fait longer les maisonnettes pour nous enfoncer dans le bois.... Je n'avais pas imaginé les difficultés pour un jour dit "sans". Un jour sans mon énergie, un jour sans mes muscles.... Ô douleurs, comme vous avez su m'accompagner tout au long de mon cheminement !!
Et cet ininéraire, sans doute deux à trois fois plus longs, était ponctué d'escaliers (certes aménagés de marches bien faites)qui montaient, qui descendaient, qui semblaient nous éloigner de notre point de départ...
Effectivement, c'est bien loin du port de commerce que nous nous sommes retrouvés, sous la vieille tour que nous avons repris la direction de notre voiture. Heureusement, pour me poser entre deux et me permettre de reprendre mon courage à deux mains, il y avait les oiseaux de mer tout occupés à trouver leur pitance dans la vase du port.
Des courlis, des courlis et encore des courlis et puis quelques oies à moitié grimpée sur le biais du quai pour manger les algues qui poussent entre les pierres. Quelques canards, aussi et des mouettes, des goélands et de petits gravelots toujours aussi speed...
Et puis, sitôt que revenus à la "civilisation industrielle", nous revoici confrontés aux stupidités : une pelle mécanique qui profite de chaque marée basse pour ôter la vase du port "à la petite cuiller".... Un travail sans fin, qui devra durer toute la vie, pour ôter la vase qui comble le bassin à chaque marée. Pour permettre aux cargos de venir accoster, il faut donner du fond et enlever le sable que la mer apporte à chaque marée.... C'est dingue !!! Vider la mer me semble tellement dérisoire !!! Et quel coût !!! Et ce port qui s'ensable depuis le début et qui fait s'ensabler le fond de la baie.... Oui, parce que ce que la pelle enlève, un camion va le jeter de l'autre côté de l'épi brise-lames au profit des courants qui alimentent le fond de la baie..... A la fin du 19ème siècle, on avait envisagé de remblayer le fond de la baie pour permettre à des avions de s'y poser. Eh, les avionneurs !!! C'est le moment où jamais !!!
Pardon pour la longueur de cet article mais la balade n'en valait-elle pas la peine ? Que penses-tu du village de cabanons de Cesson ?