Les journées Européennes des métiers d'art - Abbaye de Léhon (22)
D'abord, il y a l'arrivée à l'Abbaye de Léhon. Les vieilles pierres majestueuses nous kidnappent et nous transportent dans un autre temps, dans un autre lieu. Il y a quelque chose de divin magique dans cette sensation.
Et puis il y a ce jardin, au coeur des bâtiments, au centre du péristyle. Un merveilleux petit jardin de plantes médicinales, de fleurs en devenir, que l'on a habillé de sculptures de rotin qui se balancent, s'inclinent. Les chemins sont ponctués de mobiles et d'épis de faîtage émaillés qui prennent des airs de statues...
La progression vers les salles d'exposition est difficile. On est happé par les artistes au travail, par les pièces exposées que l'on contourne, que l'on caresse. Et puis l'oeil est attiré par des panneaux qui flottent au vent, légers, japonisants.... C'est Corynne Labas, graphiste, qui expose là des tableaux, des panneaux mais aussi un siège de sol car son travail consiste à proposer du mobilier d'extérieur ou d'intérieur décoré. Elle dessine, elle peint et ses peintures en mélange sont nacrées, pétillantes, effervescentes. On devine tout un réseau argenté qui occupe le fond tandis que les sujets s'éclairent de couleurs vives et douces à la fois. Bien sûr, l'unité choisie pour le catalogue est un dessin zen dessiné pour un jardin zen mais rien n'est définitif ni obligé. L'artiste s'adapte et réalise le décor qui se marie à l'intérieur du client, qu'il s'agisse de réaliser un pouf, un fauteuil, un écran de fenêtre, un paravent ou encore un abat-jour. Tout est possible, il n'y a qu'à demander. Le "tissu" support est indéchirable, imputrescible, indestructible et peut supporter de demeurer en extérieur sans s'altérer. Il ne craint pas non plus les UV et se travaille tel un textile classique (c'est d'ailleurs en cela qu'il m'aurait intéressée mais -et on comprend bien pourquoi- pas question de révéler de quoi il s'agit)..... Ce tissu, Corynne le nomme le CLStoff !
Dès en entrant dans la salle du rez-de-chaussée, on tombe sous le charme de ce que nous aimons par-dessus tout : le tissu ! Les artistes sont Françoise Grall, spécialiste de la teinture naturelle qui travaille beaucoup le Tyvek, Cosabeth Parriaud, qui présente des oeuvres tout en couleurs avec des superpositions, des transparences, des mélanges de couleurs qui créent une nouvelle palette, Maryvonne Deville-Guillot. Nombreuses sont les artistes textiles qui n'ont pas de site ou de blog. Pour lien, je choisis alors de mettre tel article où l'artiste est évoquée et son oeuvre analysée.
Et puis je me suis arrêtée longuement au stand de Geneviève Verrier-Adeux car voilà longtemps que nous aurions dû nous rencontrer et que les circonstances avaient empêché cette rencontre. Voilà qui est fait. Geneviève inaugure actuellement un studio où elle pourra multiplier les stages mais, pour autant, elle reste disponible pour aller au-devant des groupes qui l'invitent et répond à toutes les demandes concrétisables. Il suffit qu'il y ait cinq ou six personnes groupées pour constituer un auditoire et le stage peut être monté, en harmonie avec l'environnement afin d'apprendre à se laisser pénétrer par la nature, à laisser ses sens s'éveiller et l'inspiration s'inviter....
Pardon, pardon, pardon..... Les images sont détestables. Je n'ai pas fait de photos sur place et j'ai juste prélevé ces images sur le web histoire d'illustrer l'article mais rien à voir avec les oeuvres classieuses et fraîches à la fois que toutes ces artistes proposent sur place.
Alors quoi ? Je ne peux que recommander d'y aller voir sur place pour qui le peut... !!!
Et puisque je n'ai pas fait de photos, il n'y en a pas davantage de tous les autres stands qui occupent deux étages de plus : ils travaillent le tissu pour le convertir en bijoux, la porcelaine pour la réduire en une merveilleuse dentelle. Ailleurs l'on file la laine cardée et l'on tisse sur des métiers, plus loin, on peint sur papier ou sur toile, ailleurs encore on tourne le bois ..... etc.... etc...... Il n'y a, dans ce salon, que des productions de qualité. En ce samedi après-midi, la foule était venue nombreuse malgré un ciel bien gris, bien chargé qui s'est même laissé aller à un crachin à l'heure du retour....
Je n'ai pas parlé du moment délicieux que j'ai passé près de Danièle Orhan-Horlick dont je connaissais le travail par ce que sa soeur, Annie Tannous, m'en avait montré. Un art singulier qui puise ses influences dans le Baroque, en Asie, en Russie et au Moyen-Orient ou encore en Chine. Un vrai personnage dont l'exotisme envoûte et j'aurais aimé prolonger l'instant pour mieux la connaître mais c'était sans compter avec son public, curieux d'avoir des explications pour comprendre ces boites vôtives, ces assemblages chamaniques.... Nous nous reverrons un de ces jours, c'est sûr !!
Une visite plus qu'intéressante. Il ne reste plus que demain dimanche pour découvrir le site et cette grande exposition de talents locaux.....