2008 était l'année de l'exposition à voir : celle de Quettehou dans le nord-Cotentin. J'exagère, il y a bien d'autres expositions qui valent le déplacement et que l'on prend plaisir à visiter. Mais j'avoue quand même que celle-ci vaut le détour : on s'éloigne des copies de modèles, on apprécie les exercices de mise en application de nouvelles techniques. Et puis il y a quelques challenges, comme celui de la fleur à créer qu'un peu de broderie rendra vivante au milieu de son parterre, les défis "opposés" illustrant le thème de cette année et enfin les réalisations d'art textile de l'atelier de Caroline da Costa.
Tout était superbe comme chaque fois. La salle, déjà, haute, élégante, bien éclairée et chaude....
Avec des pièces accrochées à des panneaux, d'autres posées sur des tables et d'autres enfin, suspendues au-dessus d'une estrade pour leur donner plus de hauteur encore. L'accueil était parfait avec vente de billets de tombola à l'entrée s'approchant d'un stand dédié à l'Unicef avec l'adoption de poupées de chiffon exotiques à souhait et puis, à l'opposé dans la salle, la vente de petits objets, apport d'argent frais indispensable à l'achat de quelques fournitures à venir. C'est sans parler du "salon de thé", tables nappées et bar à l'appui.
En ce premier week end de mai et avec les toutes premières chaleurs arrivant après tout une période de pluie et de grand frais, les fleurs étaient bienvenues.
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Dans le domaine du patchwork traditionnel, quelques techniques ont été étudiées au cours de ces deux dernières années que des oeuvres sont venues illustrer. Il faut s'approcher très près de ces moulins pour apprécier le pliage du tissu au millimètre près afin de donner ce résultat tiré à la règle. La photo, hélas, ne restitue pas la qualité du travail géométrique qui frise la perfection.
Dans le même esprit, un autre tableau proposait également les trajets impeccables de bandes tissées une fois encore trahies par la photo bien que rapprochée.
Le groupe des "Quilteuses du Val de Saire" cède assez peu à la tentation de faire des objets en patch. Il y avait bien quelques petits trucs à vendre et j'ai repéré de jolies coupes textiles artistiquement piquées librement mais elles présentaient pourtant, sur deux panneaux, une trentaine de petits sacs ou pochettes qu'elles avaient eu consigne de réaliser pour introduire leur initiale ou celle de la personne à qui serait offerte la pochette. Il y en avait pour tous les goûts et j'ai bien aimé, entre autres, celle-ci, de velours noir posée sur fond noir avec de belles broderies au ruban.
Il en était une autre, avec une initiale réalisée à la manière des enluminures mais elle était accrochée un peu haut pour ma petite taille, la photo n'aurait pas été plein cadre. Une autre fois, peut-être ?
Il y avait, bien entendu, des ouvrages traditionnels classiques même s'ils ont toujours été choisis pour leur difficulté technique ou pour l'esthétique de la finition
mais si je reste éternellement impressionnée par ces prouesses, des représentations moins conventionnelles, plus sensuelles m'attirent davantage. C'est très personnel bien sûr et cela n'engage que moi.
Toutefois le thème de cette année ouvrait un tas de portes. "Les opposés" pouvaient être dans l'aspect, dans l'esprit, dans la couleur, dans la tonalité, dans l'éclairage.... Bref, il y avait de quoi dire.
Ici, l'idée d'une oasis en plein désert mais là, le rire et la tristesse
ou bien encore, "le Calme et la Tempête"
Je dirais que s'il avait fallu noter, l'exercice aurait été difficile. Pourquoi ? Parce que tout le monde avait, de toute manière, traité le sujet. Restait ensuite à en apprécier l'expression esthétique et là le goût de chacun s'exprime avec un talent qui lui est propre et une sensibilité qui est la sienne. Très difficile donc de départager s'il avait fallu le faire.
Moi j'aime beaucoup lorsqu'on sort des sentiers tout tracés. Ici, par exemple, pas de coutures... l'exercice était la mosaïque, petits morceaux appliqués directement sur un fond adhésif (collés au non tissé thermocollant double face) avec un piqué libre pour quilter le tout et fixer définitivement les tesselles.
Avouez que l'exercice est des plus réussis, non ?
A présent c'est l'introduction de métal dans le travail qui va déroger à toutes les sacro saintes règles du patchwork.
C'en est pas diront certains, c'est une interprétation contemporaine diront les autres. Quoi que ce soit ou quelle qu'en soit la dénomination, c'est toujours de l'art textile. Métal tracé, battu, repoussé, gravé, teinté, pâtiné...
Le détail en gros plan parle bien. Les effets sont très différents d'une oeuvre à l'autre et la confrontation des réalisations ne manque pas d'intérêt
Et l'on prend la mesure de l'interprétation personnelle, de la sensibilité individuelle qui transparaît dans le travail. Comment détourner alors les techniques connues pour les pousser dans leurs derniers retranchements et en extraire toute la beauté ?
Est-il encore nécessaire d'expliquer quelque chose. Il suffit de regarder, non ?
Peindre, teindre, imprimer, transférer, et puis tailler, couper, découper, replacer ..... Un certain Picasso avait ouvert la voie, vous vous souvenez ?
Pour arriver à ces résultats, il faut bien maîtriser formes et couleurs. D'ailleurs, à propos de couleurs, il y avait quelques exercices autour du cercle chromatique qui occupaient bien l'espace. C'est peut-être ce jeu qui aura votre préférence ? Le challenge était d'utiliser le Log Cabin, dans une couleur majoritaire, en ajoutant 30 % seulement de sa couleur complémentaire. Ces panneaux, tout en longueur, ont été suspendus pour mieux révéler leur recto et leur verso dans une petite danse au moindre souffle. Comme dit MLaure "on a beau dire : l'association d'une couleur et de sa complémentaire, ça marche toujours !". C'est vrai qu'il y avait quelques panneaux particulièrement lumineux et gais.
Alors, il vous a plu ce petit reportage ???
Si vous avez l'occasion de monter dans ce petit coin de Basse-Normandie, vous pousserez à cinq kilomètres pour visiter St Vaast-la-Hougue, le port et vous irez y déguster des huîtres. C'est une belle promenade à faire !