Impossible de comprendre ce qui se passe une fois encore. Mes deux derniers articles n'apparaissent pas sur Canalblog quand on appelle mon blog. C'est pénible. Donc j'édite mon article sur l'exposition d'Anne Woringer et je le publie à nouveau. On verra bien si, cette fois, "on" me le laisse en place. Non mais....
Bon c'est dit et définitivement vrai : Anne Woringer est une artiste au talent indiscutable et sa réputation internationale n'est absolument pas usurpée.
Cette semaine et jusqu'au lundi 14 juillet inclus, Anne Woringer expose à Erquy, commune des Côtes d'Armor à un jet de galet du Cap Fréhel. Etonnant d'apprendre qu'une artiste de pareille envergure choisit Erquy pour exposer mais quand on apprend que c'est sur invitation familiale, on comprend mieux le choix des lieux. Non que le village d'Erquy ne vaille pas une telle exposition mais s'il s'était agi d'une invitation professionnelle, j'aurais vraiment aimé savoir de qui elle émanait. L'exposition a pris place au dos de l'Office du Tourisme, dans une galerie d'art plutôt agréable même si l'artiste n'a pas vue sur tous ses visiteurs à moins qu'ils montent jusqu'à elle.
Donc, Erquy nous attendait mardi dans une ambiance estivale baignée d'un grand et beau soleil mais rafraichie par un petit vent de nord-ouest plutôt actif. La visite de l'exposition était aussi prétexte à une belle promenade car le port et la plage sont tout à fait à recommander :
Avant de décider à quelle heure nous pourrions nous retrouver sur place, Irma m'avait rappelé un article intéressant que les "Nouvelles du Patchwork" (magazine édité par France Patchwork - fédération nationale du patchwork et des arts textiles) avait fait paraître. C'était en septembre 2008 et se rafraîchir la mémoire pour mieux connaître la personne n'était pas superflu même si l'on se rappelle toujours le travail d'Anne Woringer, pour le peu qu'on ait pu en voir.
Dès notre arrivée, c'est une vraie réunion de passionnées qui s'est tenue dans l'une des salles. Nous étions plusieurs à nous retrouver, ravies de nous rencontrer pendant les vacances mais aussi de revoir notamment les quilteuses de Paimpol qui nous avaient reçues à l'automne.
Anne Woringer, extrêmement disponible, a passé un long moment à parler avec nous et à développer, pour nous, les techniques qu'elle a utilisées pour réaliser ses pièces. Pas le moindre secret qu'elle n'ait accepté de nous distiller, pas la moindre astuce de fabrication qu'elle n'ait accepter de nous offrir. Rares sont les artistes (textiles ou pas) qui acceptent un tel partage !
Une forme de chronologie a été respectée qui permet de suivre, avec les années d'expérience, l'évolution artistique du travail d'Anne mais aussi la recherche pour quitter le plus vite possible la rigueur du patchwork traditionnel pour tendre vers la création contemporaine en passant par l'étape de teinture manuelle des tissus anciens.
Puis il y a le motif et l'expression de ces signes qui plaisent tant à Anne Woringer. Elle aime l'écriture, certes, mais elle aime encore mieux le signe, qu'il soit ou non significatif. Ainsi l'on retrouve des motifs proches des arts bruts, des arts premiers ou des signes qui se placent entre dessin et écriture, entre idéogrammes et taches....
La couleur diminue petit à petit pour faire place aux contrastes simples qui mêlent le ton naturel à la couleur, le bleu indigo à la décoloration, le noir au blanc....
Après la couleur vient le temps de la décoloration. Le processus s'inverse donc. Le tissu est teint ou acheté noir. Il n'est pas de grande facture car, grand teint, il n'obéirait pas aux voeux de l'artiste qui le froisse, le plie, le plisse, le coud, le fixe, le frise avant de le plonger dans....... l'Eau de Javel. Du temps de trempage dépendra le degré de décoloration puis ce sont de nombreux rinçages qui stopperont la chimie avant qu'au dernier rinçage le vinaigre blanc vienne fixer ce qui aura été obtenu. S'ensuivront les étapes de découpages, de rapprochements, de couture, d'applications.
Parfois, les zones colorées sont tout simplement de vastes espaces brodés. Le fil mouliné a été brodé en lignes juxtaposées et serrées les unes contre les autres. L'oeil se laisse leurrer. D'autres fois, ce sont les espaces intermédiaires qui sont brodés d'un point avant en lignes posées en écho, sorte de quilting s'apparentant au sashiko. Ni la broderie ni le patchwork ne sont jamais bien loin.
Quand ce remplissage quilté à petits points réguliers se fait en couleurs, Anne obtient des sortes d'ombrages colorés comme l'on peut en voir, l'été, à proximité des arbres.
Cette exposition procure un réel plaisir et la gentillesse d'Anne Woringer donne vraiment l'envie de s'installer là, tranquille, juste pour regarder autour de soi. Car tout y est beau. Beau au point que j'aimerais beaucoup y retourner. Pour peu qu'il fasse encore aussi beau, je rentrerai, une nouvelle fois, posée sur mon petit nuage, les yeux emplis des beautés du paysage et la tête pleine de souvenirs de teintures, de décolorations et de broderies.............