Grande marée du siècle le 21 mars 2015
Sans vent et avec une mer calme, on ne pouvait pas s'attendre à des vagues spectaculaires comme on en avait eues lors de la dernière grande marée. Une chance, cela dit, car avec un coefficient de 119 sur 120, il y aurait eu de vrais gros dégâts.
Donc, le matin, la marée haute était à voir vers 07 h 43. Je savais que souvent la mer envahit la rue du vieux port, c'est donc là que je voulais être....
La mer avait bien monté et grignoté les marches qui descendent sur la plage.
Curieusement, à regarder devant soi, on avait presque la sensation d'être sous le niveau de la mer. Il est vrai que les vagues flirtaient avec la rue du port et recouvraient l'intégralité de la descente à bateaux. Une différence de trois à quatre mètres sur ce plan incliné.
Plus loin, plus de traces de la piscine d'eau de mer. Pour comparaison, je mets la photo faite vendredi dernier au même endroit...
Les plages ont disparu, ce soir devrait donc être bien pire encore...
En passant au Palus de Plouha, l'eau était arrivée quasiment au sommet du cordon de galets. Le plus souvent, l'eau reste en contrebas de ce talus que l'on doit gravir avant de redescendre sur la "plage" de galets gris. En arrivant à Bréhec, l'impression était plus forte, la plage étant plus plate. On avait mis une barrière de bois à l'ouverture dans le muret pour fermer la porte d'entrée sur le sable. Ceci afin d'empêcher la marée d'envahir la place où, chaque fois, elle dépose quantité de sable qu'il faut ensuite balayer.
Les tas de goémons donnent bien la mesure de ce qui fut la haute mer qui, déjà, redescend.
A l'horizon, la brume enfle et le soleil ne parvient pas à s'infiltrer entre les nuages.
Le bord de mer semble avoir disparu et la formule "la verdure descend jusque dans la mer" prend toute sa dimension.
Je voulais pousser jusqu'à Paimpol car j'étais sûre que nous trouverions les quais des bassins noyés. Auparavant, un petit arrêt au moulin à marée sur le chemin littoral menant à la Pointe de Guilben....
Le parking faisait encore corps avec la flaque, la passerelle était encore partiellement couverte d'eau. Sur la route, les algues étaient brossées par une balayeuse municipale afin de limiter le risque de dérapages même si la vitesse est très limitée à cet endroit.
Au port il restait quelques traces de la montée des eaux sur les quais mais pas grand chose....
Une heure et demie après l'instant T de la marée haute, nous revenions sur nos pas. A Saint-Quay Portrieux, la jeunesse marine jouait toutes voiles dehors ; la brise froide suffisait à gonfler les voiles et le calme de la mer permettait aux moins rassurés de voguer tranquillement.
Les deux petites oies du port en avaient profité pour passer au-delà de la jetée. Avec un temps aussi calme, à quoi bon rester à l'abri ?
Non, décidément, sans le vent c'est sans aucun doute la marée basse qui présente le plus d'intérêt par ces grandes marées. Alors, dès 14 h 10 je rejoignais la plage du Moulin d'Etables. En montant la route, avant la bifurcation, des voitures étaient garées sur le bas-côté. Je me suis alors dit "on est samedi, les grandes marées ont attiré les amis et la famille.... les habitants des maisons ont fait le plein d'invités" mais sitôt le clignotant mis à gauche, je constatais un nombre impressionnant de véhicules garés dans l'herbe, sous les arbres, le long de la chaussée et, ce, de chaque côté. J'avais encore 1 bon kilomètre à parcourir avant d'arriver à la plage !!!
Inouï le nombre de voitures et de camping-cars. C'est à peine si l'on pouvait se croiser sur la route habituellement suffisamment large pour que deux camping-cars se croisent. Plus une place de stationnement ! Chacun y allait de son audace faufilant sa voiture dans un sens interdit, à cheval sur un fossé, j'en passe et des bien plus spectaculaires.... J'en avais pour cinq minutes pour prendre quelques photos, j'ai fait comme les autres et me suis garée devant un camping-car me disant que les occupants ne seraient peut-être pas les plus impatients à repartir................
Bien sûr, il y avait foule. Ceux qui étaient habillés comme pour aller en montagne, ceux qui étaient en petite tenue et bras nus, ceux qui portaient un petit seau à la main et celle qui remontait avec un traineau à roues gonflables sur lequel elle avait posé ses seaux, sans doute pleins !!! Et, en zoomant pour un groupe au bord de l'eau, je pouvais apercevoir ceux qui, en bateau, étaient passés de l'autre côté, sur les îles toutes découvertes. J'aurais vraiment aimé aller gratter un peu mais nous devions taper un maximum de 10° avec ce beau soleil.
Tout un monde de fourmis soudain friandes de praires, de palourdes, de coquilles Saint-Jacques et d'huîtres... En tout cas, les fourmis ont de grands pieds qui ont foulé la plage en laissant ceci :
quand moi je rêve de cela :
En soirée, la mer allait être haute vers 20 h 05. Mais la lumière allait manquer pour les photos ; nous sommes donc redescendus un peu en avance....
L'eau n'avait pas encore atteint le même niveau que le matin... Piétons et voitures commençaient à arriver. En attendant (surtout à cause du froid), nous avons choisi de remonter en voiture pour aller jusqu'à Saint-Marc. Là-bas, juste un camping-car ! Les curieux ne connaissent pas et puis les lieux ne sont guère éclairés.
Plus de plage, là non plus. Tout l'espace est recouvert, jusqu'au goulet d'entrée. Les ramasseurs de goémons ont dû se régaler le lendemain parce que la mer avait apporté de quoi remplir quelques brouettes...
De retour au port, l'eau n'a pas encore atteint le maximum. En fait, c'est le froid qui nous chassera et nous fera renoncer à attendre le pic de la montée des eaux. Au moment de notre départ, la mer en était à recouvrir la troisième marche du petit escalier. Si la mer avait été plus agitée, j'aurais enfilé les vêtements ad hoc pour lutter contre le froid mais là, nous étions descendus en touristes, avec juste le manteau mais pas plus de bonnet que d'écharpe....
Et puis, de toutes les manières, la luminosité était devenue insuffisante. Les photos prises avec le règlage "de nuit" sont affreuses et le flash ne fait jamais rien de bien. La preuve :
Voilà la fin de l'aventure du siècle..... euh pas de l'aventure, juste de la marée du 21 mars 2015. Les tempêtes sont tout de même plus spectaculaires !